Des livres, j'en ai lu, j'en lis, j'en lirai encore. Beaucoup. Jamais assez.
Mais des livres dont je me souviendrai - à la fin, ma fin - combien y en aura-t-il? Et seront-ils les meilleurs, ceux consacrés par la critique, populaire ou savante?
Il y aura ceux dont le titre sonnera comme un pieux souvenir. Il y aura ceux dont le titre révélera un état de bien (ou de mal) être. Et puis, il y aura surtout ceux qui, de page en page, m'auront fait voyager. Dans l'histoire, plus que dans l'espace. Ceux qui me donnent envie de continuer, d'apprendre, de glâner des informations, des bouts d'histoire, des bouts de l'Histoire pour mieux savoir, pour mieux comprendre, pour mieux agir... Il y a ceux qui m'emmènent vers un ailleurs temporel, des ailleurs temporels, qui me plongent dans les événements brièvement cités lors de mes cours d'histoire, ceux qui me rendent curieuse. C'est à cette catégorie-là que Les enfants du nouveau monde appartient.
Début lent, 'difficile', phrases compliquées, lourdes, tournures archaïques, de celles qui plaisent aux Académiciens, pas forcément au peuple. Pourtant, on ne peut plus s'en défaire. Vous le posez, il vous rattrape, il vous colle à la peau. Vous ressentez un certain malaise. Vous qui n'étiez pas né, vous ne savez pas ce que fut la guerre d'Algérie, sauf par bribes, et un sentiment de culpabilité collective ou est-ce un sentiment collectif de culpabilité est là, omniprésent. Il gronde en vous. Il vous murmure 'plus jamais ça'. Bien plus qu'un livre d'histoire qui se voudrait didactique, bien plus qu'un cours, bien plus qu'un essai philosophique à but pédagogique(?), il vous apprend et/ou vous confirme que l'homme est un loup pour l'homme, qu'il vous faut rester en éveil, sans relâche, à l'affût d'éventuelles dérives au seuil desquelles nous nous trouvons en permanence.
Livre par une femme, sur les femmes pour les femmes (?). Et si les hommes le lisaient et y découvraient ce qu'elles y découvrent, cela changerait-il quelque chose? Le monde - à tout le moins - ne s'en porterait pas plus mal.