India 2010 - First Week
Il y a probablement qqs fautes (orthographiques et de frappe), mais vous les excuserez certainement car fatigue, clavier, écran etc. y contribuent.
Mercredi 3 mars 2010 – Bangalore
Arrivées à 4.47 ce matin… chauffeur présent, responsable du bureau de tourisme (lequel ?, nous avions réservé via le net – adresse privée – et non via une agence) également, pas de voiture, V. s’inquiète… S’habituer une fois de plus à l’incertitude, le rythme, accepter et intégrer cette incertitude, ce rythme et surtout, surtout réapprendre la confiance… Hôtel « 3 étoiles » dans une rue - ou est-ce une impasse ? – inspirant la méfiance… Entrée majestueuse, personnel sympathique, négociation des check-in / check-out times, attente, interminable pour certains, intéressante pour d’autres. La chaleur, humide cette fois, le bruit, les odeurs… nous sommes au cœur de l’Inde.
Quelques heures plus tard et un repos interrompu par cris, prières, bruits de tous ordres, rdv avec le chauffeur qui arrive super cool, « tout » sourire, s’excusant pour l’accident qu’il vient d’avoir… Une autre voiture est prévue pour l’après-midi. Demain nous rencontrerons « notre » chauffeur, celui qui nous accompagnera ces 29 prochains jours ! Rien ne peut être comme cela a été prévu, est-ce un souci ?
Lalbagh Botanical Gardens et l’Inde comme nous l’imaginons, au travers de nos lectures, au travers de nos films. Un regard cependant autre car les belles tenues anglaises ont fait place aux saris, les Anglais ont fait place aux Indiens. Une flore luxuriante, un Crystal Palace inspiré par celui de Londres (et non les halles de Paris comme d’aucuns – Français – osent le croire et le clamer devant nous).
Jeudi 4 mars 2010 – Sur la route – Hampi
Ils vivent là, le long de l’highway ou « speed way ». Le mince grillage séparant la terre, le sable, de cette autoroute leur sert de fil à linge. Ils vivent là, entre deux mondes, entre deux vies ? Elles battent leur linge sur la pierre, avec énergie et conviction, elles cuisinent à même le sol et jamais ne se déparent de leur sourire. Et puis, ils et elles, hommes et femmes, enfants aussi, au milieu de cet highway, construisant à la main un magnifique mur de pierres qui servira à séparer les 4 bandes de cette route empruntée ce matin. Cette ROUTE omniprésente, longue, droite, ou parfois un peu moins.
J’aurais pu vous dire que dans le Sud, ils roulent à gauche, que le risque est nettement plus calculé, que les conducteurs sont plus calmes, que la vitesse est adaptée, que les règles sont différentes. Non, le milieu de la route parfois excepté, les règles sont les mêmes : le premier arrivé au carrefour klaxonne et s’octroie la priorité, les dépassements sont tout aussi risqués, la vitesse tout aussi inadaptée. Mais sans doute est-ce le calme de notre chauffeur, M., qui nous donne une impression de sécurité.
Fous-rires, quelques histoires échangées, quelques présentations, quelques expressions partagées et apprises, quelques heures plus loin… Nous sommes au cœur de l’Inde, de l’histoire, celle qui s’écrit aujourd’hui, celle qui aujourd’hui s’inscrit dans les pas d’hier, celle qui place les jalons de demain. Car l’anachronisme (tellement) décrit dans mon premier récit sur l’Inde est ici tout aussi présent.
Guest House – Home Stay – recommandée par M. au « centre » de Hampi.
22h, une journée de voiture s’achève.
Hampi donc, havre touristique s’il en est, me fait penser à Pushkar. Guesthouse dans ce village touristique et donc ambiance superficielle, surfaite, manquant d’authencité. Demain soir, nous serons peut-être encore ici. Des phrases ou idées ou préjugés prononcés me surprendraient si c’était le premier voyage en ce pays. Aujourd’hui, je ne les entends plus. Sac(s) à dos à déposer hors de portée, hors de vue, hors d’ouïe.
Conventions et rythmes, habitudes et coutumes…
Marcher à pieds nus est un non-choix, les chaussures étant réservées aux familles plus aisées, moins pauvres, alors que chez nous combien d’enfants ne demanderaient-ils pas mieux que de marcher nus pieds.
Vendredi 5 mars 2010 – Indécences ? – Hampi
Indécence… Indécence de laisser ¾ d’un plat, de demander un coca sans glace alors qu’un coca avec glace nous a été servi ? Indécence de se plaindre de la chaleur ? Indécence encore d’arroser le sol pour les animaux (sacrés) ? Indécence ? Ou seulement contrastes, (in)justice, paradoxe, société schizophrène ? On l’a souvent dit, on l’a souvent entendu, on le vit à chaque instant.
Hôtel – piscine – resto – conférence. Cela me ramène à la Turquie en 2008, au boulot. Bien que… Les sites fabuleux visités aujourd'hui me ramènent – comme souvent – à des considérations banales. Comment écrire sans tomber dans les clichés ? Comment ne pas se répéter ou comment ne pas sombrer dans le piège de la répétition ?
La route. La piste. La route où femmes et hommes placent des caillous dans les nombreux et profonds trous pour qu’elle soit moins pénible, plus praticable. Des hommes et des femmes, toujours, balayant constamment alors que tout détritus est jeté à même la rue, récolté par des hommes non gantés, jetés un peu plus loin et ensuite brûlés, là, à proximité des habitations.
Samedi 6 mars 2010 – Badami
Elles séparent le bon grain de l’ivraie. Elles ? Femmes et filles. Comment ? Manuellement, secouant énergiquement d’immenses tamis en osier. Elles portent sur leur tête bidons, textiles, récoltes, livres…. Ils vivent au pied des temples, dans des maisons de plastique, de feuilles de bananes, de bambous, parfois de briques et de ciment, parfois de paille, au pied des jardins entretenus à l’anglaise (herbe rase, strucutre, fleurs, netteté) et irrigués alors qu’elles, ces mêmes femmes, sillonnent des kilomètres pour atteindre la pompe à eau.
Elles manient la hache comme nous manions le crayon. Ce que nous exprimons avec les gestes doux de l’écriture est bien plus violent que ce qu’elles expriment avec des gestes durs.
Nous débarrasser de nos clichés et préjugés, même dans notre écriture. Nous défaire des lieux communs. Tout ce qui est déjà écrit et raconté est vécu ici au centuple. Comment alors l’éviter, dans l’écriture ?
Journée riche en émotions ou quand une phrase dite, au détour d’une conversation banale, une seule phrase a le pouvoir de questionner une vie de choix et de non-choix, une vie simplement.
Nous mettons de l’eau précieuse sur notre visage pour éviter les rides. De l’eau précieuse… Ici, toute eau semble précieuse, celle des mares, celle des étangs, celle des flaques, celle des lacs, celle des rivières, celle de la mer. Eau pure, impure, eau : bien précieux si facilement jeté, si facilement gaspillé. Indécence à nouveau des deux douches par jour, voire trois, indécence de cette consommation effrenée d’un bien « commun » en nos contrées, d’un bien « exceptionnel » ici.
La tombée du jour en Europe signe pour moi la fin, la finitude, un coup de blues, ici elle semble donner naissance à une seconde vie, une seconde histoire, le début, un certain commencement, une continuité. La lumière de fin d’après-midi rend la pierre des temples et sites archéologiques plus « chaude », comme si le meilleur était à venir. Conviction personnelle. Est-ce là que se trouve l’origine de ma passivité et sinon de mon passéisme ?
Dimanche – 7 mars – Sur la route et à Gokarn (ou Gokarna)
Ecriture absente, route longue et dangereuse.
Lundi – 8 mars – Gokarn
Cottage sur les hauteurs, au calme : Sea Bird Holiday Resort. Chambre avec vue sur la mer d’Arabie. Baie maginifique. Ce que les livres ne content ce sont les odeurs, ce qu’ils ne montrent pas ce sont les horreurs : détritus ici et là, voire partout, mais surtout misère, véritable misère autour de ces endroits de luxe que sont les hôtels, même s’ils nous semblent – ces hôtels – rudimentaires voire misérables. Rien ne peut être jeté dans un conteneur, à l’abri des regards ; personne n’est caché derrière des murailles. Tout est là, montré, tous sont là bien présents et visibles, comme pour mieux (essayer de nous) faire comprendre la situation d’un pays émergeant (évitons ici la politiquement incorrecte expression « en voie de développement »).
Nous aimions les Indiens du Nord, même si d’aucuns nous harcelaient en mendiant quelques roupies pour les photos prises. Nous les aimons encore plus ici. Les sourires qu’ils nous adressent, les «hello», «where are you from ?», les demandes incessantes d’être pris en photo sans demander une quelconque contre-partie, leur demande de nous prendre en photo, les deux « white ladies », leur façon de vouloir nous serrer la main, comme pour se convaincre qu’ils n’ont pas rêvé et aussi parce que je suis « so white », comprenez belle ;o) Mais qu’ont-ils à envier à notre « beauté » eux et elles qui sont magnifiques, sourires éclatants, yeux expressifs, …
Sea Bird Holiday Resort – qu’a donc cet endroit pour qu’il me fascine tant ? Rencontre avec la mer, rencontre avec la chaleur, « rencontre » avec les pélerins, rencontre – plus réelle celle-là – avec deux jeunes femmes belges. S. suit des cours de médecine alternative : sans doute un projet mûri depuis longtemps, une année sabatique, quelques mois pour tout « clôturer » en Belgique et préparer ces neuf mois de formation, en Thaïlande, en Inde. Trouver ou retrouver sa limite, sa route, sa voie. Discussion au centre de l’animation de cette ville schizophrène – une fois de plus – à savoir touristique et religieuse car touristes européens et pèlerins se côtoient, les guides le mentionnent assez pour que je m’y attarde plus.
Les plages sont belles, le seront-elles tout autant au Kerala et au Tamil Nadu?
Mardi 9 mars – Sur la Route (Kerouac ?) Gokarn–Hassan
Longue, difficile, fatiguante route nous réservant toutefois surprises visuelles à chaque instant.
India 2010 - Second Week
Mercredi 10 mars – Hassan
Ville-étape dont nous visiterons le bazaar cet après-midi. Quelques temples à une trentaine de km, une chaleur de moins en moins supportable, une piscine de plus en plus nécessaire. Voilà en quelques mots le résumé de ces dernières 18 heures.
Le bazaar... et une rencontre: une jeune dame, parisienne?, qui désire s'installer en Inde. Les prochains jours, elle se rendra à Bangalore pour "faire du porte à porte" (je reprends ici son expression) dans les sociétés internationales afin de décrocher un job "qui paie"... Le tourisme, bien entendu, est une autre piste nous dira-t-elle. Son périple, elle le fait en transports en commun - bus et trains - lorsque les renseignements qu'elle reçoit sont corrects ;o) Pas de billet retour tellement la crainte et surtout la probabilité de devoir l'annuler sont importantes.
Son audace, son énergie et quelque part sa naiveté me séduisent, même si je sais que son projet n'est pas encore assez concret pour aboutir prochainement.
Repas agréable dans cet hôtel que nous quitterons a regret. Quelques pages de Khaled Hosseini "A thousand splendid suns" et quelques lignes insignifiantes sur ce blog...
Jeudi 11 mars – Sur la route Hassan–Madikeri (Mercara – Coorg)
Il n’y a rien, me dit-on, de particulier à voir à Madikeri. Il n’y a pratiquement rien à y faire, le soir… On me demande pourquoi je veux absolument m’y rendre. Plus justement, on nous demande pourquoi nous désirons nous y rendre. La réponse tient en deux mots : cardamone et café. La route est belle, plantations de café (et de cardamone déjà récoltée, dont nous n’en verrons même pas les plantes) sont belles et subtilement odorantes… Sur le bord de la route, de nombreux récoltants cueillent les grains, les récoltent précieusement, manuellement, bien entendu… Ces hommes et ces femmes, à nouveau, à genou ou en tailleur à même le sol, sur le bord de la route, risquant à chaque instant leur vie car les conducteurs n’y prennent pas vraiment garde, sont heureux de notre passage et de notre intérêt pour leur travail. Ils sont simplement « heureux » (le sont-ils vraiment ou est-ce un sourire voire un rire feint ?) que V. les prenne en photo. Se pose alors à nouveau la question de la valeur des biens vendus « trois francs six sous » dans nos supermarchés et surtout la question des gestes que nous faisons si naturellement : prendre un paquet de café et le déposer dans notre charriot ou encore jeter le café refroidi … Et à la fin de la route, un coucher de soleil sur les montagnes du Karnataka…
Deux voyageurs allemands (et non touristes comme nous le sommes encore) rencontrés au détour d’une visite « culturelle » me parlent d’un trekking et me proposent de les accompagner : 30 km. La région étant superbe, c’est à regret que je décline leur invitation : cela nous retarderait. Un voyage, non un tour-touristique, s’annonce, car mon désir de rencontre réelle avec autrui supplante ce que jusqu’à aujourd’hui j’ai réalisé en ce pays. Au détour d’une route, un « camp » où les premiers tibétains réfugiés en Inde se seraient installés. Bylakuppe (env. Kushalnagar) ou quand la prière d’une centaine de moines tibétains vous emporte, loin, là où vous n’auriez jamais pensé pouvoir aller, au-delà de toute émotion descriptible, vous touche, vous submerge, vous bouleverse, vous envahit. Là où vous perdez sereinement tout contrôle…
Vendredi 12 mars – Madikeri
Celles et ceux qui ont visité le sud de l’Inde ou qui connaissent un peu cette partie du pays auront remarqué que notre itinéraire va dans le sens contraire du sens habituellement réalisé. Au Rajasthan déjà, il y a 3 ans, nous avions entrepris le voyage « à l’envers ». Nous allons, au gré de nos envies et de jour en jour, il nous arrive de modifier l’itinéraire classique proposé, suggéré par nos livres, notre chauffeur, son patron. Oui, suivre nos envies, nos intuitions et vivre probablement des moments privilégiés avec ces quelques personnes rencontrées furtivement. Leur offrir un sourire et surtout accepter le leur. Le temple, les tombes du Raj de ou près de Madikeri, sous une lumière chaude, le marché aussi avant de prendre la route pour Mysore… Quelques rencontres et paroles échangées en Kanada-Anglais, et toujours cette même question « Where are you from ? » et ce « mmmh » lorsque nous répondons « Belgium ». Savent-ils seulement où se trouve la Belgique ? En fin d’après-midi, hier, une rencontre européenne, échanges d’expériences, de visites, de projets, d’idées ; une autre rencontre, indienne celle-là : une dame plutôt âgée (accompagnée par son époux) nous salue et nous parle quelque peu de ses amis en Belgique, du monde et de la globalisation, de notre compréhension mutuelle de nos cultures, de son origine (Delhi). Si la misère, la pauvreté, le handicap, les détritus sont là, presque montrés, la richesse, elle, reste discrète, presque dissimulée.
Samedi 13 mars – Mysore
Petit-déjeuner ou plutôt mini-déjeuner… mini-fruits, mini-thé, mini-pain ! Le dîner d’hier ne fut pas meilleur. La qualité des repas diminue à vue d’œil, finirons-nous par ne plus déjeuner et/ou dîner ? Pour la première fois depuis le début de ce voyage nous rencontrons des personnes désagréables, peu aimables, moqueuses, partout, ici en cet hôtel, au resto, en ville…
Lundi 15 mars – (Ecrit à) Ooty
Mysore, grande ville aérée, avenues verdoyantes, larges, belles. Mysore serait-elle au sud ce que Jaïpur est au Rajasthan ? Peut-être. Palais et église, marché aussi où chaque commerçant a une petite échoppe à sa disposition. Ce marché, construit sous les ordres du Maharaja (si l’on en croit un des commerçants), dont les échoppes ont alors été données aux pauvres de la région afin qu’ils puissent commercialiser leurs produits, fut repris par l’Etat qui aujourd’hui loue les échoppes aux commerçants de 160 à 200 Rs par mois – montant qui sera utilisé pour le nettoyage des petites allées en fin de journée. Nous avons passé plus de deux heures dans ce petit magasin (environ 3 m²) à discuter de l’Inde, de Mysore, à discuter politique, économie, famille et situation familiale de l’un et/ou l’autre.
Mardi 16 mars 2010 - Sur la route Coimbatore-Cochi(n)
Au détour d'une allée, rencontre avec un couple indien émigré au Canada, dans cette échoppe rencontre avec une jeune femme néerlandaise en voyage depuis plusieurs mois (Népal, Inde, Sri Lanka) et qui, plus que probablement, reviendra suivre des cours de yoga, rencontres diverses ou quand l'Inde vous ouvre à l'autre...
Ooty donc! Un evnironnement fabuleux avec ses plantations de thé à plus de 2600 m d'altitude Ville implantée sur les versants de ces montagnes verdoyantes, ville dynamique, avec université(s), écoles(s) et le meilleur restaurant continental depuis le début du voyage: détail non négligeable. Ooty et ses récoltants de thé: quelques femmes nous remarquent, de loin, nous interpellent, nous demandent de les rejoindre, ce que nous ne manquons pas de faire. Moment privélgié que les touristes rencontrés au centre ville ne partagent pas: rester sur ses gardes et sur les sentiers - bien battus - d'un tourisme de masse, voilà ce que beaucoup font et feront jusqu'à la fin de leur voyage. Cela étant, d'autres baroudeurs, à moto, connaîtront l'Inde différemment et c'est ce que - bientôt - je désire réaliser. Qui sait?
Départ pour Coimbatore - ville industrielle ville étape - pour que la route Ooty-Cochi(n) ne nous semble pas interminable.
Tout à l'heure moment important. Demain matin AF et Ph. seront du voyage.
Prévenues, nous l'étions - je le disais déjà en 2007 - mais ils (les Indiens) sont tellement filous (au bon coeur?) - qu'à chaque fois il y a une surprise, parfois des plus désagréables.
Mardi 16 mars - sur la route et à Cochi(n)
Moment important du voyage donc car c’est de cette ville que P. nous a écrit quelques unes de ses lettres, a collectionné quelques cartes postales (le couriel n'existant pas encore vraiment), a fait quelques achats pour nous qui ne pensions pas encore à venir ici. Moment fort donc et émouvant ou quand les absents prennent plus de place que les vivants.
Chambres d’hôtes dans le Fort Heritage, à Fort Cochi, loin de la bruyante ville, qui nous conviennent particulièrement. Je croyais le Kerala moins riche, moins fortuné, mais les maisons plus colorées et plus grandes, mieux entretenues les unes que les autres me font penser qu’il n’en est rien. Première impression de cet état, peut-être est-elle erronée.
Le journal qui nous est distribué dans la plupart des hôtels nous permet de nous tenir au courant de la vie, sociale, politique, culturelle, « ethnique » de ce sous-continent que je ne me lasse « d’arpenter« et de découvrir. Les mentalités semblent changer dans certains états que l’on croirait moins évolués, alors que dans certaines grandes villes, il n’en est rien. Un nouveau paradoxe pour nous, Européens.
La nature est ce qu’ils ont de plus précieux et est apparement leur meilleur allié comme leur pire ennemi, il suffit de penser aux richesses naturelles (fruits et légumes) mais aussi aux catastrophes pour s’en convaincre.
India 2010 - Third Week
Mercredi 17 mars 2010 - Cochi(n)
E.E.S. était athé. C'est perdu dans le désert, en plein désarroi, certain de mourir dans les prochaines heures qu'il a commencé à croire. Cette expérience était tellement belle, profonde, qu'un être transcendant devait exister.
C'est dans une église catholique que la deuxième (?) réelle émotion a pris sa juste place.
Katakali - Kerala Theatre - un spectacle haut en couleurs pour touristes, bien entendu. Oppressée après 15 min. de spectacle, je me suis enfuie. Et dans cette église, je me suis réfugiée. Serions-nous nous (plus) croyants si nous vivions dans les conditions dans lesquelles les Indiens vivent? Et que vient faire la foi, que vient faire 'Dieu' quand on ne sait pas de quoi la prochaine heure sera faite? Leur foi les aide-t-ils à mieux supporter ce quotidien? J'ai fait l'expérience d'une messe en Inde, en anglais: decorum, musique, prières et rites m'ont touchée. Tout oublier, laisser libre cours à l'émotion sans prendre la décision de le faire et se laisser happer, toucher, à nouveau bouleverser, surprendre. Et puis, seulement après, se rendre compte combien c'est bénéfique et combien nous aimerions que cela nous arrive encore, dans d'autres circonstances.
Afghanistan - 1952-2010. D'une vie à l'autre. Sans retour possible. Et puis, malgré toutes les espérances déçues, un retournement, un revirement. Comprendre à la lecture de ces quelque 400 pages que tout est possible, même lorsque la souffrance la plus extrême nous a fait croire ou laissé croire que d'avenir moins morose il n'y avait plus.
L'Inde ne vous laisse pas indemne (cf. mars 2007, mars 2010). Ph. et AF sont arrivés vers 12.00. Chaleur et ciel couvert pour une première courte journée, s'acclimater, prendre deux voire trois jours.
Vendredi 19 mars - Alleppey (ou Allappuzzha)
S’imprégner de tout, de tous les bruits. Essayer de reconnaître dans l’ensemble le cri ou le chant d’un oiseau, d’un palmipède, essayer de distinguer le chant d’une mosquée, les paroles d’un navigateur, celles d’un restaurateur, mais surtout le « bruit » de cette nature au réveil. Profiter par le vue et par l’ouïe, cette fois plus que jamais, de ces instant privilégiés. Changement de cap à chaque fois. Et changement de livre: d’abord BHL et son American Vertigo, ensuite Hosseini et son A Thousand Splendid Suns. Et aujourd’hui Holy Cow, livre que tout voyageur de l’Inde aurait pu écrire s’il en avait eu le talent.
Samedi 20 mars - Periyar (ou Thekkady)
Debout à 7h, je lis quelques pages: je reste convaincue que ce livre est à recommander! La réserve naturelle que nous voulions visiter ne promet que peu de choses: un lac pratiquement à sec, la mousson étant "prévue" en avril, les animaux fuyant les touristes (hé oui) bruyants entre 7 h et 17h (heure du dernier départ, si l'on en croit certains), fermeture de la réserve dès 18h (or, vous aurez compris!), nous ne nous y rendrons pas. En lieu et place de cela, une promenade en éléphant et un cours + un cérémonial pour AF et Ph. Je ne me résignerai pas à faire cettre promenade pour des raisons aussi diverses que personnelles. Cela me permettra de discuter un peu plus avant avec notre chauffeur de sa famille, ses enfants, son choix d'école (et donc d'avenir) pour ceux-ci. Une lueur d'espoir et aussi un incertitude traversent son regard.
La route Allepey-Periyar fut longue. Le paysage, lui, nous invitait à la sérénité, à la promenade indolente, à un certain retour aux sources. J'aimerais être capable de décrire les plantations de thé, le paysage, la faune luxuriante, mais je n'y parviens pas, pourtant les images se bousculent.
Periyar et ses spécialités: les épices, les massages. Nous aurons goûté aux deux, avec volupté. Demain nous nous rendrons à Munhar, une longue route (peu de kilomètres, mais une certaine lenteur due à la montagne et aux photographes qui m'accompagnent) nous attend!
Quelques renseignements pris, quelques informations glanées ici et là, quelques discussions, un rythme de vie différent, un rythme de vie adapté. Ce n'est pas l'Inde des Indiens, je le conçois très bien. C'est l'Inde d'Européens en vacances-voyage. Un rythme effrené dans les grandes villes n'est pas à négliger ni à sous-estimer, un rythme travail-repos-travail existant jusque dans les campagnes les plus reculées. Le rêve indien n'existe pas, c'est une chimère. Toutefois, cela ne m'empêche pas de projeter un semblant de vie ici :o)
Dimanche 21 mars 2010 - Sur la route Peryiar-Munnar
Voyager c'est dépasser, aller au-delà de sa zone de confort, c'est accepter les clichés révélés du pays où nous voyageons et aussi réfuter ceux qui ne le sont pas. Voyager c'est adapter son rythme, adapter son langage (verbal et corporel), adapter ses habitudes, s'adapter, s'imprégner de la philosophie et s'imprégner de la façon de penser et l'accepter (sans pour autant toujours y adhérer). Voyager c'est comprendre. Voyager c'est vivre avec l'Autre.
Dimanche 21 mars 2010 - Munnar
Vivre avec l'autre... Quelques clichés de ces montagnes et plantations de thé ne révéleront pas leur beauté, leur magnificence. Quelques clichés ne rendront pas les émotions vécues.
L'hôtel que nous avons (V.) repéré dans notre guide correspond au choix de M. Nous réservons deux chambres en route car il n'y a que 4 chambres selon M., 5 selon moi (à notre arrivée).
Accueil par le maître des lieux et ses employés, lunch léger, avant-soirée très agréable en présence des autres hôtes de cette auberge. "L'Europe" est là: la Suisse, la France, la Belgique et le Royaume-Uni sont représentés. Et nos différences s'estompent, nos références culturelles nous semblent proches quand comparées aux références culturelles indiennes. Un après-midi passé à la manufacture de thé, en ville: marché et bazaar. Ou quand au détour d'une allée commerçante, je m'adresse à un homme défenseur des droits de l'homme qui - quelques heures plus tôt - diffusait un message à l'aide d'un mégaphone. Un homme devient mon traducteur, m'explique plus en détails ce que ce défenseur ne peut m'expliquer que sommairement: il diffuse un programme de conscientisation des droits humains dans la rue et les écoles. Quelques coupures de presse en langue locale avec - à chaque fois - une photo de lui. Au cours de notre conversation, soudainement, je me rends compte que nous ne sommes plus 5 ou 6 autour de cette table de 'tombola' où nous nous étions installés, mais une vingtaine de personnes (principalement des hommes) qui ne prennent pas part à la conversation mais qui observent ce qu'une femme blanche peut bien faire avec un groupe d'hommes et écoutent ce qu'ils se disent... L'Inde ou quand le voyage vous permet de retrouver la voie que vous aviez égarée!
Mardi 23 mars 2010 - Madurai
Le temple de Madurai. X tours les unes plus surprenantes que les autres. Un style chargé, coloré, kitsch pour cette enceinte vouée à "quelques" dieux. Hommes, femmes, rites et rituels religieux. Je suis partagée entre un sentiment d'étonnement, de surprise et une envie de rire. Qui s'agenouille devant un "dieu éléphant" (Ganesh) à plusieurs reprises, qui se frappe la tête presque violemment, qui s'incline ou se couche sur le sol devant cette représentation divine, qui donne fleurs, noix de coco, bananes à un dieu? Les rites religieux "occidentaux" diffèrent-ils tellement de ceux observés ici? Quand la connaissance scientifique s'arrête, quand les progrès ne peuvent plus tout expliquer, faut-il nécessairement recourir à la religion et à la foi et si oui, pourquoi - pour quoi? Rendre la vie plus supportable ou est-ce l'idée de la mort? Ou bien est-ce pour (essayer de) donner un sens à notre vie? D'où vient cette nécessité de recourir à un dogme? Questions rhétoriques...
J'ai essayé longuement et vainement de décrire les paysages, j'ai essayé de décrire notre expérience chez le tailleur hier soir. C'est chose impossible. Car il faudrait rendre compte de ce que chaque sens nous a révélé.
Madurai - la ville - ne me laisserai pas un souvenir extra-ordinaire. Recevoir, prendre: ce que je fais si peu en Belgique, je le fais ici. Je prends un regard, un sourire, une grimace même. Une main tendue, un signe de la main. Je prends les bruits et sons de cette ville qui me paraît plus calme qu'à notre arrivée hier soir, je prends les sourires timides, les photos que l'on prend de moi, secrètement, discrètement ou plus ouvertement, je prends les regards, je prends tout car tout est à prendre. J'apprends aussi la chaleur, la vie avec la chaleur.
India 2010 - Fourth Week
Mercredi 24 mars 2010 - Trichy
Une ville, un temple, un bruit incessant. On entend comme un seul klaxon qui se diffuse, s'atténue, s'accentue. Ce ne sont plus des coups de klaxon, c'est une longue complainte. Le temple est plus kitsch encore que celui de Madurai. Quatre anti-chambres, avec marchands du temple et puis 5, 6 et 7èmes chambres résevées aux Hindous. Première marque d'agressivté subite à l'encontre d'AF qui a "juste pointé son appareil photo". Une seconde fois, cette agressivité apparaît dans ce temple, normalement havre de paix. On a beau apprendre dans les guides que "merci" et "svp" sont presque inexistants, on a beau s'y être habitués, cette agressivité soudaine nous surprend.
Plus de 330 marches pour certains, plus de 400 pour d'autres afin d'arriver au sommet du Rock Fort, pour obtenir une vue panoramique (360°). Mais comme Trichy n'est pas une ville extraordinaire, la vue n'est pas bouleversante. Nous avons gravi ces marches malgré 38° C à l'ombre, un sol brûlant nos pieds, une pollution sonore assomante. Dans cette ville, beaucoup de Touk-Touk à vélo, de transports lourds, encombrants et dangereux à vélo: les hommes - en fin de journée, comment sont-ils? comment se sentent-ils et que peuvent-ils encore faire? Epuisés par le travail, la chaleur et la pollution, que leur reste-t-il? Une nuit sans sommeil?
Me revient l'histoire dont un jour A. et moi avons parlé: le pêcheur mexicain et le retraité USA. Nous rencontrons ici, dans le Tamil Nadu, bien plus de mendiants que dans le Kerala et le Karnataka. Mais ce n'est toujours pas comparable avec le Rajasthan. Que font ces hommes avec les cartons qu'ils transportent sur leur vélo: isolent-ils le sol?, le brûlent-ils pour allumer le feu de cuisson ou encore l'utilisent-ils pour apprendre à écrire à leurs enfants?
Rizières, palmeraies, champs de maïs, plantations de thé et de café, forêts d'eucalyptus, champs de cannes à sucre, ... Jack fruits, goyaves, ananas, noix de coco, raisins, bananes (plantin, rouges, ...), richesse d'un sous-continent comptant pourtant 36 % de la pauvreté humaine mondiale!
L'église de Trichy n'est pas extraordinaire. Ses couleurs pastels (rose, vert, bleu) sont autant de couleurs kitsch retrouvées dans les temples. Beaucoup de decorum, quelle que soit la religion. Je repense soudainement à la sobriété de l'église à la Gendarmenmakrt à Berlin et le contraste me frappe. Je serais - si j'étais croyante - distraite par ce decorum, distraite par tout ce qui est secondaire. Les temples d'Hampi, quant à eux - sont beaucoup plus beaux, chaleureux, touchants, "moving". Hier, à Madurai, la visite du musée Gandhi m'a laissé une impression étrange. Superbe bâtiment simple, d'un blanc pur, éclatant, contrastant avec la fureur et la saleté du reste de la ville. La pensée de Gandhi ne nous est pas étrangère, son action non plus. Pourtant, autant d'années après son assassinat, nous ne pouvons que remarquer l'absence d'évolution. Non, pas l'absence, mais une certaine inertie. Les combats sont toujours les mêmes. Et je repense à cette rencontre (il y a quelques jours) avec ce leader, cet activiste des droits humains à Munhar. Autre lieu, autre époque, même idéalisme. Ce soir nous sommes arrivés à Tanjore (ou Thanjavur). Un hôtel au bord d'une superbe rivière, un accueil chaleureux et surprenant. Nous attendons une surprise visuelle demain matin.
Sur la route, quelques petits bâtiments blancs (lisez de la taille d'une maison familiale en Inde, à savoir une pièce de plus ou moins 10 m²), sorte de petits temples dédiés - entre autres - à Ganesh. A.F. et moi sommes allées à la rencontre des personnes et avons reçu une bénédiction hindouiste...
Jeudi 25 mars 2010 - Tanjore
La route est à chaque fois plus courte, les visites un peu plus longues, le temps de repos un petit peu plus long. Repos? Tout est bien entendu relatif.
L'hôtel - village de vacances pour personnes retraitées? - est à l'extérieur de la ville, au bord d'une rivière presque sèche, en pleine campagne indienne. Même si je préfère les guest houses avec rencontre réelle du propriétaire des lieux et /ou de son personnel, j'apprécie le confort du calme, le luxe d'une nourriture agréable et fraîche, la piscine très peu fréquentée en ce début de journée. Pour la première fois depuis notre arrivée, nous sommes allés déjeuner dans un resto indien, non dans un de ces restos asceptisés pour "indiens" et étrangers. Nous avons reçu diverses spécialités, servies à la louche, puisées dans des seaux en métal, déposées sur une feuille de bananier. Seules A.F. et moi avons franchi le pas. Ph. et V. sont un peu plus prudents ;o)
Premier désaccord déclaré avec notre chauffeur. Mon envie de vivre avec les Indiens, de les rencontrer, reste entière. Je voulais une vraie rencontre, pas une visite organisée - guet-apens - à nouveau. Nous nous sommes rendus dans un village où "on" fabrique du bronze. Guet-apens touristique dont je parle avec deux touristes anglais entre-aperçus ce matin. Même réaction: "we felt uncomfortable". Même sentiment de gène. Même sentiment ambivalent. Je me sentais comme dans un zoo, à regarder des "animaux". Mise au point très claire: je ne suis pas intéressée. M. me dit "tu voulais voir des pauvres..." Rien compris donc. Excuses acceptées mais quelques réticences supplémentaires. L'argent de la vente de ce bronze et de ces peintures (sur soie?) va-t-il vraiment être distribué aux artisans, à savoir aux pauvres? Aucun "business"? M. me dit "tu penses que c'est du business" avant même que je n'en parle. N'est-ce pas là la meilleure preuve?
Samedi 27 mars 2010 - Pondicherry et sur la route vers Tiruvannamalai
Pondicherry. Quartier français. Cimetière et églises. Si chez nous - par crainte de vol et autre petite criminalité - nous fermons toutes nos églises, ici elles sont ouvertes à tout vent. Pondicherry? J'y reviendrai.
Oh que la Belgique va me sembler petite, oh que les espaces vont me manquer. L'espace... Car s'il est vrai que dans les villes, vie privée, intimité et espace vital sont réduits à leur strict minimum (voire sont inexistants), la nature, certains sites visités nous (me) permettent l'isolement. Le calme? Jamais tout à fait car les Indiens sont bruyants. Gingee ou la paix (intérieure) retrouvée. Trois forts reliés les uns aux autres par une muraille de 20 m de haut. Nous n'en verrons pas tout. Architecture plus sobre, dépouillée en comparaison à celle des temples jusqu'à ce jour visités. Je me sens aujourd'hui en "désappartenance", je me retrouve ici et non dans cet "entre-deux".
Samedi 27 mars 2010 - Tiruvannamalai
Petit hôtel sympa en dehors de la ville, accueil un peu froid, négociation difficile du prix des chambres, restaurant au service plus que médiocre. Une fête pour la fin de l'année académique, une "garden-party" à l'américaine pour cette trentaine de jeunes diplômés en informatique...
A Tanjore, juste après cette discussion courte et intéressante avec ce couple anglais, une famille indienne s'arrête devant moi et me scrute longuement. Une femme ose les questions que les autres auraient envie de poser mais ne peuvent le faire à cause de la barrière linguistique... Avant de me quitter, la petite me caresse la joue et fait mine de m'embrasser, un bisou "volant" comme les enfants aiment envoyer, un regard et un sourire qui - comme ceux de l'enfant du désert du Thar - m'accompagneront longtemps encore.
Dimanche 28 mars 2010 - Tiruvannamalai et sur la route vers Mamallapuram
Longue route, encore, la dernière avant Chennai et le retour, longue route belle, emplie de couleurs, de travailleurs, de rencontres, de regards, de sentiments, d'émotions aussi.
Le vert des rizières, le vert des plantations de thé, le vert aura marqué ce voyage.
Lundi 29 mars 2010 - Mamallapuram
Un hôtel plus luxueux pour terminer nos vacances (et non notre voyage, puisqu'il nous reste demain), personne n'était contre. En bord d'océan.
P. aura été très présent ces quelques dernières semaines: avant le départ déjà, pendant les premiers jours de ce voyage, à Cochi(n) particulièrement, seul lieu concrètement connu de ses nombreux voyages, et puis ici en bord d'océan. Il aimait la mer, la terre l'a repris.
Après une première analyse, je pourrais conclure que ce voyage m'a moins apporté que mon premier séjour en ce pays. Mais une analyse plus profonde, seconde, me permet de comprendre combien je suis imprégnée de culture indienne et que donc de "surprise", d'"étonnement" et de "découverte" il y a peut-être moins et que d'amour et de "passion" il y a bien plus encore.
Mardi 30 mars 2010 - Mamallapuram et Chennai
Départ pour Chennai où je me rends à l'hôpital pour une radio des doigts de la main droite. Pas de radio avant d'avoir la garantie du paiement. Une (longue) attente commence. Pour eux, pas pour moi. Car pendant 29 jours, j'ai appris la patience. L'ai-je intégrée réellement? Je ne sais pas. Mais ici tout prend plus de temps, de patience, d'énergie peut-être aussi.
Je déambule virtuellement dans les couloirs et services que je viens d'arpenter et de visiter réellement. Est-ce un hôpital pour personnes riches? Les pauvres ont-ils droit aux mêmes sourires et soins que moi et si non, pourquoi?, à quel titre y ai-je droit et eux non? L'argent? Toujours ce même mal ou bien nécessaire?! Dans ce qui ressemble à un chaos total, je perçois une organisation sans faille: chaque département a un uniforme (sari ou cravate selon), un département pour chaque tâche et une bonne communication entre les services.
Des Patients Welfare Officers s'occupent de mon dossier et de moi. Pendant que tranquillement je reste à l'abri au service des admissions. A chaque étape on me tient au courant, ce qui rend l'attente beaucoup plus supportable. Car, entre-temps, près de 45 min. ont passé.
Pas de fracture, deux doigts immobilisés par un simple pansement, quelques anti-douleurs et en prime l'adresse électronique du médecin des urgences :o) Ils me font sourire: comme s'ils croyaient que je pensais que je suis l'Unique ou bien est-ce simplement une habitude?
Il est maintenant 15.30. Les heures les plus chaudes viennent de s'écouler alors que "j'admirais" les urgences, le service de radiologie, le bureau de paiement, la pharmacie et le bureau des admissions.
Il y aurait eu une catastrophe naturelle détruisant tout sur son passage et donc une nécessité d'improviser un service ou l'autre de cet hôpital, je pense qu'il eut été plus propre, plus sécurisé car fils électriques taquinent l'eau de la clim' (ou inversement) etc.
L'Inde ou quand on s'assied en attendant l'ascenseur. L'Inde ou quand un portier d'hôpital, en uniforme, digne des plus grands hôtels vous ouvre la porte. L'Inde ou quand les chambres d'hôpital sont classées comme les chambres d'hôtel (Deluxe...), l'Inde ou quand un liftier est assis sur un tabouret dans l'ascenseur et presse le bouton pour vous.
L'Inde où même les patients n'ont aucune "privacy" sauf quand il s'agit de faire asseoir une jeune européenne aux urgences... L'Inde où nous tous nous sommes incognitos sans l'être. L'Inde où la sphère privée vitale est réduite à 15 cm maximum. L'Inde où l'attente passive (?) est une seconde nature.
L'Inde, cette Inde-là me manquera.